UN ROYAUME MARQUÉ PAR LA MISÉRICORDE
Un empereur vieillissait et il décide de se choisir un successeur pour son trône. Comme il n’a pas d’enfant, il fait venir tous les jeunes hommes du royaume : « j’ai décidé de choisir l’un de vous pour me succéder. Pour cela, je donne à chacun un grain de semence spécial. Je veux que vous le plantiez, que vous l’arrosiez et que vous me reveniez dans six mois avec le résultat de votre semence. Je jugerai le résultat de votre travail et je déterminerai ainsi le prochain empereur ».
Comme tous les autres, Ling reçoit son grain. Revenu chez lui, tout excité, il explique le défi à sa mère puis il met le grain dans une bonne terre. Il surveille le pot, mais rien ne pousse. Ses amis semblent heureux des résultats de leur grain, mais lui n’a rien.
Les six mois écoulés, tous retournent chez l’empereur avec leurs plantes. Ling ne veut pas apporter un pot vide. Sa mère l’encourage à demeurer honnête. Alors il s’amène au palais avec son pot vide, ce qui lui vaut la risée des autres. L’empereur fait son entrée : il reconnaît qu’il a sous les yeux de bien belles plantes. Soudainement, il remarque au fond de la salle le pot vide de Ling. Il le fait avancer devant tous les autres. Ling est terrifié. Il a vu, se dit-il, que j’ai manqué mon coup. Tous se moquent de lui. L’empereur ordonne le silence puis il dit : « Je vous présente votre nouvel empereur : il s’agit de Ling ». Alors l’empereur explique à tous qu’il leur a donné un grain bouilli qui ne pouvait pas croître. « Découvrant que le grain ne poussait pas, vous l’avez tous remplacé par un autre grain. Ling a été le seul à avoir le courage et l’honnêteté de me rapporter son pot avec mon grain tel qu’il l’a semé. C’est pourquoi je le choisis comme nouvel empereur ».
Or, on célèbre aujourd’hui le Christ-Roi : un roi dont le trône est la croix, sa couronne est faite d’épines et ses premiers sujets sont deux brigands. Voilà un roi étonnant qui s’identifie aux plus faibles et aux démunis. Un roi qui ne se sert pas de ses pouvoirs pour son bien-être ou son confort : « il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même ». Même si cela était facile, il n’a pas semé un autre grain pour remplacer celui qui ne poussait pas dans son pot de terre.
Jésus nous enseigne que lorsqu’on est plein de Dieu, on se centre sur les besoins des autres et on ne succombe pas à la tentation de chercher son confort personnel.
On peut supposer que la royauté de Ling comme celle du Christ consistera à faire rayonner la justice tout en gardant une préoccupation pour ceux qui souffrent. Il saura faire preuve de compassion et de miséricorde. Il saura accueillir ceux qui souffrent. Il saura reconnaître la gratuité dans les engagements. Il ne donnera pas que son superflu pour le bien-être des autres. C’est ce type de rois que le Christ souhaite pour son Église : des gens au cœur d’or et non pas des gens parfaits, des gens capables de sincérité et d’authenticité et non pas des gens qui ont déjà toutes les solutions à tous les problèmes.
Devenons ce type de personnes dont seule la présence quelque part donne le goût de devenir meilleur.
Gilles Baril, curé