Les mots veulent souvent dire quelque chose de différent selon notre culture comme par exemple « c’est l’enfer ». Pour nous, ça veut dire que tout va mal mais pour les jeunes générations, ça veut dire que c’est le bonheur total.
Un autre exemple : « la maison est à l’envers ». Pour nous, ça veut dire que le ménage n’est pas fait mais, pour un Africain ou un Asiatique, ça fait référence à la tornade ou aux inondations qui ont mis leur maisons à l’envers : le toit est rendu au sol. Chez eux, les intempéries de la nature sont fréquentes et leurs maisons n’ont pas de fondation comme chez nous pour affronter l’hiver.
Plusieurs mots dans la bible et la liturgie ont changé de sens selon les différentes cultures liées au temps où à l’endroit où nous vivons. Quand on dit à la messe « Seigneur prends pitié », on fait appel à la compassion et la tendresse de Dieu. Pour moi, le mot « pitié » est un mot que je n’aime pas. Il résonne en moi comme « la personne qui nous regarde de haut », comme si on n’était que des êtres misérables. J’aimerais mieux le mot « prends soin de nous », lequel serait plus ajusté à notre culture et au sens réel de notre relation à Dieu.
Je n’aime pas non plus le mot « Seigneur » dans nos célébrations. Ce mot fait référence à l’époque des seigneuries en Nouvelle-France et dans les pays d’Europe de ces générations. J’aime mieux le mot « Père » pour parler de Dieu et le mot « Sauveur » pour parler du Christ.
Mais qui suis-je pour changer les mots d’une liturgie universelle ? Je note enfin qu’après la communion j’aime mieux dire « le Seigneur est avec vous » au lieu de « le Seigneur soit avec vous ». On vient tous de le recevoir en nous …
Permettez-moi maintenant d’attirer votre attention sur l’extrait d’une lettre de St-Paul aux Éphésiens (chapitre 5 : 21-32) où Paul, selon les expressions de son époque, écrit : « Femmes, soyez « soumises à vos maris ». Qu’est-ce à dire au monde d’aujourd’hui ? Au sens biblique, le mot « soumis » veut dire « vivre dans le respect de l’autre et lui permettre de grandir dans ses forces intérieures ». Paul ajoute : « Et vous, les maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église c’est-à-dire : Donnez votre vie pour le bonheur de votre femme ».
On est à l’époque où les mariages sont organisés par les parents pour diverses raisons. Il est rare que les conjoints se sont choisis eux-mêmes dans une relation amoureuse. Paul invite les couples à prendre soin l’un de l’autre, à devenir responsables du bonheur de l’autre au cœur d’une société où l’homme a tous les pouvoirs sur sa femme qui souvent, est considérée comme la propriété de son mari.
Paul dit : « N’ayez qu’un pouvoir : celui de l’Amour qui consiste à œuvrer pour le bonheur l’un de l’autre, l’Amour qui va jusqu’au don de sa vie comme le Christ l’a réalisé pour l’Église ».
Telle est la mission de chaque baptisé : Voir au bonheur de son conjoint (e), de sa famille, de l’ensemble de la communauté et des gens de notre quotidien.
Gilles Baril, prêtre