Gilles Baril, curé
Dans la liturgie, le corps est lui aussi appelé à prier. C’est pourquoi il y a des attitudes et des gestes du corps : d’une façon physique, visible, ils sont l’expression de l’activité de l’esprit.
DEBOUT : C’est la principale attitude de la prière communautaire. Elle est d’abord signe de respect : on se lève devant une personne que l’on veut honorer. C’est pourquoi nous nous tenons debout au début de la célébration pour accueillir le président de l’assemblée. Nous sommes aussi debout durant la proclamation de l’Évangile parce que c’est Jésus lui-même qui nous parle à ce moment. Mais il y a plus. Être debout est signe de résurrection. Le Christ ressuscité sort debout du tombeau et par le baptême nous sommes ressuscités avec lui. Par sa victoire sur la mort et le péché, Jésus a fait de nous des êtres debout, vivants, libres. La position debout manifeste que grâce à Jésus, nous sommes des êtres relevés, ressuscités, sauvés. Saint-Augustin disait à ses fidèles : Le dimanche, nous prions debout parce que c’est un signe de résurrection. Nous nous tenons debout dans la dignité des fils et des filles de Dieu.
À GENOUX : On se reconnaît petit devant la grandeur de Dieu. Attitude de vénération et d’adoration. Rendu à l’offertoire, dans les premiers temps de l’Église, chacun offrait des biens au prêtre (qui d’ailleurs ne vivait que des dons reçus par les gens à l’église). Cette habitude est remplacée par la suite par la quête. On pouvait amener au prêtre des légumes du jardin, des animaux domestiques, etc. D’où l’origine du lavement des mains au moment de l’offertoire. Le pain et le vin symbolisent la diversité du travail humain en plus de rappeler le repas de Jésus lui-même avec ses apôtres. La goutte d’eau dans le vin rappelle l’eau qui coule avec le sang du côté de Jésus sur la croix. Ça nous rappelle la divinité du Christ qui a épousé notre humanité. Parfois on utilise de l’encens, cette façon de faire est directement tirée de la liturgie juive.
À la consécration on sonne la cloche : d’abord ça attire l’attention sur le geste vécu, ça permettait aux gens derrière les colonnes de revenir à l’essentiel et ça respectait une « superstition » qui disait que si on voyait l’hostie à la consécration, on était assuré de vivre une bonne semaine.
La prière eucharistique risque d’être répétitive mais elle demeure au cœur de la messe. Une image pour mieux la saisir « le bout de la route qu’on franchit tous les jours entre le travail et la maison » souvent on oublie le paysage parce qu’on est préoccupé par autre chose.
La prière eucharistique emprunte son modèle au « Notre Père ». La première partie est « adoration et louange au Père » et la seconde partie se compose de demandes pour l’Église et pour nous-mêmes. Le « Notre Père » est la prière du Christ lui-même. Elle nous rappelle notre désir de construire ensemble la famille de Dieu. Entre cette prière et la communion, on ajuste nos cœurs au grand souhait du Christ-ressuscité : la paix pour tous.
L’agneau de Dieu est la reprise de la formule utilisée par Jean-Baptiste pour présenter le Messie à ses disciples Jean et André. Cette formule fait référence aux agneaux que les prêtres offraient en sacrifice au Temple de Jérusalem.
La communion se donne dans la main ou sur la langue. Jusqu’au 9e siècle on communiait dans la main. Par la suite, on communie sur la langue car on se sent indigne de prendre le Christ dans nos mains. Vatican II revient à la tradition de l’Église primitive : accueillir le Christ dans nos mains, c’est le mettre au cœur de nos vies, c’est l’accueillir dans notre travail quotidien, c’est confier l’ensemble de nos inter-relations. « Seigneur, je ne suis pas digne… » demeure la reprise de la prière du centurion romain qui demande à Jésus la guérison de son serviteur.
« Allez dans la paix du Christ » : c’est une invitation à aller vivre dans l’harmonie que nous avons cherchée en priant ensemble. La messe demeure le centre de notre foi, d’où l’importance de mieux la comprendre pour mieux en vivre. Par l’eucharistie, nous sommes invités à revenir vers Dieu pour le remercier, lui faire nos demandes, lui rendre grâce …
À qui vient le rencontrer, Dieu donne une mission : aime, aime en mon nom, aime pour ceux qui n’aiment pas … ».
Le plus près du Christ quand on célèbre l’eucharistie, c’est celui qui a le plus d’amour à offrir dans son cœur.
Gilles Baril, curé