J’ai fait un rêve : nous avions une belle statue du Sacré-Cœur, presque un reflet réel de l’homme Jésus. Puis un jour on décide d’organiser une procession avec cette statue dans les rues de la ville. Il y avait une participation impressionnante de la population et tout se déroule de manière édifiante… jusqu’au retour vers l’église où tout à coup on constate que la statue a quitté son socle. Consternation, incompréhension, illogisme. Tous se mettent à chercher la statue qui demeure introuvable. Et au hasard des recherches, on découvre que la ville regorge de personnes isolées qui souffrent de solitude, de personnes âgées dont personne ne se préoccupe, de jeunes ados qui se droguent parce que la vie les décourage. On constate que des jeunes couples sont au bord du désespoir par manque de revenus pour subvenir aux besoins de leurs enfants, que des réfugiés vivent dans un dénuement total par faute de soutien de la communauté…
Jamais les paroissiens n’avaient porté autant d’attention au vécu des autres. Jamais on n’avait éprouvé autant le goût de venir en aide aux autres… On avait perdu une statue, mais on avait découvert la présence du Christ par la solidarité créée, par les services rendus, par l’écoute et l’attention portée aux autres… Les personnes devenaient plus importantes que la recherche du bien-être personnel.
Et si ce rêve devenait réalité : quelle belle actualisation de l’événement de l’Ascension où on célèbre la fin du ministère terrestre de Jésus qui s’est fait proche des petits et des pauvres, qui a manifesté la tendresse et la compréhension du Père et qui transmet sa mission à ses apôtres.
Ils prennent conscience que Jésus ne leur demande pas de changer le monde en usant de stratégies ou de pouvoir céleste. Il les invite simplement à être témoin des grandeurs du service les uns aux autres. Les apôtres d’aujourd’hui comme ceux d’hier n’ont pas à résoudre tous les problèmes de l’humanité. Nous avons juste à être là, fort du pouvoir de l’Espérance et de la confiance en ce Dieu-Maître de l’impossible qui fait en sorte que tout ce qu’on vit nous fait devenir plus adulte dans la foi, c’est-à-dire capable de demeurer une présence qui fait du bien parce que le Christ nous invite à ne pas rester de simples spectateurs du ciel, mais à devenir des acteurs de son œuvre d’Amour pour le monde d’aujourd’hui.
Gilles Baril, prêtre