L’Église nous présente aujourd’hui un témoin privilégié de l’Avent :  Jean-Baptiste.

Jean-Baptiste n’est pas le petit bonhomme blond inoffensif des chars allégoriques de la fête nationale de notre enfance. Il est un homme austère, discipliné qui brasse les consciences et réveille les inerties de son peuple. Il est conscient que son peuple vit une heure importante de son histoire spirituelle :  le Messie est là et il faut l’accueillir. Il est conscient que son peuple est appelé à une grande destinée spirituelle.  Il ne suffit pas de se dire « fils d’Abraham » : il faut produire du fruit qui exprime notre conversion.

Si on l’écoute, ce n’est pas en vertu de sa douceur, de son amabilité ou encore pour sa diplomatie.  On l’écoute, car il semble sincère, honnête et authentique. Il est habité de l’intérieur.

Voilà le type de témoins dont les gens ont besoin autour de nous :  « le monde d’aujourd’hui recherche les témoins et non les maîtres », écrit le pape Paul VI dans le document qui fait suite au synode de 1975 sur la Nouvelle Évangélisation. Il poursuit en écrivant :  « et si les gens écoutent les maîtres, c’est parce qu’ils sont d’abord des témoins.  Notre témoignage porte du fruit dans la mesure où il exprime une foi profonde imprégnée d’un amour agissant ». (Evangeli Nontiandi #41-44)

Permettez-moi d’illustrer mon propos avec une page de vie du célèbre artiste Léonard de Vinci.  On raconte qu’il lui arrivait souvent d’accueillir des gens dans son atelier. Un jour, sans l’avoir fait volontairement, un enfant bouscula une de ses toiles.  Léonard se mit en colère et le chassa. L’enfant se sauva en pleurant. Retrouvant un peu son calme, Léonard voulut poursuivre son travail : il peignait un visage du Christ. Mais l’inspiration avant disparu en même temps que l’enfant. Déposant alors son pinceau, il partit à sa recherche. L’ayant trouvé, il lui demanda pardon en disant : « J’ai fait pire que toi, j’ai blessé une création de Dieu ». Prenant l’enfant par la main, il le ramena dans son atelier et en même temps, son inspiration fit apparaître sur la toile un beau visage du Christ.

Voilà notre défi tel que proposé par Jean le Baptiste : faire apparaître le visage du Christ… particulièrement en cette période de l’année où les cœurs sont plus ouverts à une dimension spirituelle avec la venue de Noël dans quelques jours. Ne perdons pas une occasion de dire par notre agir Celui qui nous habite et qui donne sens à notre vie… pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Gilles Baril, curé