Entendons-nous au départ pour dire que tous les gens qui sont nés au 20e siècle ont connu l’évolution la plus extraordinaire que nous avons vécu sur terre depuis la première nuit de tous les temps.
Qu’on soit né en 1849, en 1890, en 1920 ou en 1940, la vie se vivait de la même façon qu’au 12e, 15e ou 18e siècle. Pour le transport, on avait le cheval et le train pour les plus grandes distances. Aujourd’hui on a les autos, les avions, les fusées et j’en passe.
Jadis, partir de son Rang pour venir au village pour la messe du dimanche était une aventure de 4-5 heures. Atteler le cheval, le mettre en sécurité, assister à la messe, jaser avec les gens sur le perron après la célébration pour avoir les nouvelles, retourner chercher le cheval, aller faire des achats au magasin général et retourner chez nous. Ça occupait tout l’avant-midi du dimanche. Aujourd’hui, en 5-6 heures on va à Paris ou à Vancouver.
Pour s’informer, on avait la messe du dimanche et la radio (si on avait l’argent pour s’en procurer une). On avait aussi le courrier. Je pense à ma grand-mère qui a appris par courrier la mort de sa mère 10 jours après son décès. Aujourd’hui, avec internet, il se passe quelque chose n’importe où sur la planète et toute la population mondiale le sait dans la ½ heure qui suit.
En ce qui concerne la liturgie, la messe était en latin, dos au peuple (les gens récitaient le chapelet pour ne pas s’ennuyer). Il fallait être à jeun depuis minuit pour pouvoir communier. La première communion se faisait à 12 ans. Aujourd’hui, la messe se vit dans la langue du peuple et elle est une participation de toute l’assemblée. On n’entend plus parler de jeûne. Le jeûne est d’une heure avant la communion … ce qui fait que partir de la maison, participer à la liturgie de la Parole de Dieu, et l’heure est respectée.
Il y a eu beaucoup d’évolution aux niveaux social et politique. Les femmes ont reçu le droit de vote en 1920. Aujourd’hui, beaucoup de femmes sont députées ou ministres. Les métiers exercés étaient à 60% des hommes : cultivateurs, bûcherons ou dans la construction. Les femmes étaient maîtresses d’école, secrétaires ou garde-malades jusqu’à leur mariage.
Depuis 1960, on a connu une évolution incomparable, et cela avec l’arrivée de l’électricité. La preuve, on manque d’électricité une heure ou deux et on a l’impression qu’on va virer fou.
Nos devanciers du 19e et 20e siècles ont connu : les deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945). La crise économique des années 1929 et suivantes, l’apparition de l’automobile, de la bombe atomique, la marche de l’homme sur la Lune.
La révolution tranquille des années 1960 a entraîné avec elle le bouleversement des valeurs sociales. D’une économie de subsistance, on est passé à la mondialisation des marchés. De l’unanimité catholique, on est passé au pluralisme religieux et à la laïcité de la société. D’une société patriarcale dominée par les hommes, on est passé à l’émergence du féminisme, ce qui demeure un bienfait, et à l’éclatement des couples et des familles.
On a connu les progrès médicaux mais aussi l’apparition de nouvelles maladies (plus près de nous, nous pensons à la COVID). En dépit de toute cette évolution, une réalité n’a jamais changé, celle transmise par les Évangiles.
(Suite au Semainier du 17 novembre)
Gilles Baril, curé